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Semet Nakhti
THERE'S MONSTERS IN ALL OF US
Semet Nakhti
THERE'S MONSTERS IN ALL OF US
Allégeance : Ba'alat
Mar 22 Jan - 10:14
L'aurore, l'un des seuls moments de la journée où la chaleur ne vous écrase pas comme on le fait avec un fétu de paille. Les jours les plus durs, la Manticore en vint en penser qu'il existe plusieurs soleils dans les cieux, et que les Dieux s'amusent à ne leur en montrer qu'un. Sortant d'une auberge dans laquelle il avait séjourné jusque-là, il était aujourd'hui l'invité au temple d'Héliopolis. Encore une fois, ses prouesses alchimiques lui eurent values une attention toute particulière, et les nobles recherchaient ses capacités. Creuser des digues et favoriser l'irrigation fut bon pour sa réputation et ses affaires, mais cela était lassant. Il espérait obtenir du travail plus stimulant.

Ses vêtements finement décorés et ses bijoux en veux-tu en voilà l'aurait fait passer pour un dignitaire de haut rang, si seulement il n'avait pas cet aspect aussi déplaisant. Ses pas ne rencontrèrent personne dans la rue, chacun s'écartait sur son passage. Les badauds n’avaient visiblement pas envie de se voir chercher des ennuis à une Manticore, certainement. Mais cela était presque agréable. Ces gens ne suscitaient pas son intérêt, alors tant mieux s'ils filaient de son chemin comme des fourmis effrayés.


Plus tard, au pied du temple, Semet huma l'air de sa langue. Le bâtiment hébergeait beaucoup de riches familles. L'encens, les cuisines et les bêtes se faisaient sentir jusque-là. En approchant, il fut arrêté par des gardes, à qui il présenta une invitation.

"Veuillez à présent vous écarter. Je m'en voudrais de faire attendre mon commanditaire. Je suis à cheval sur la ponctualité."

Entrant dans le palais richement construit, la pierre épaisse favorisant la fraîcheur, on l’orienta dans une direction. Il suivit les indications et arriva dans un petit salon, où le balcon donnait sur une cour intérieure, digne d’une oasis magnifique. De l’eau, de la végétation, des chairs délicieuses en vadrouille… Semet en vint à se perdre dans ses pensées en regardant leur agitation.
Semet Nakhti
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Neferet Nub-Hotep
WE ARE THE GODS AMONGST MEN
Neferet Nub-Hotep
WE ARE THE GODS AMONGST MEN
Accueil et préjugés 028ab9ee98f98daabebb2dd3e74c26df
Allégeance : Ba'alat - Fidèle de Semiramis, pour l'instant.
Dim 27 Jan - 22:17
Le regard vide de Nitocris la transperce. La déesse des morts trône, impériale, sur son piédestal de pierre. Un pied devant l’autre, figée dans une posture de marcheuse, son sceptre en main. La statue de calcaire, peinte aux couleurs nocturnes de l’autre monde, semble baisser légèrement le regard vers les pénitents. Celle qui s’agenouille devant elle ne montre aucun signe d’humilité, pourtant. La prière est une routine. Un moyen de calmer les rancœurs de certains. À défaut de s’être trouvé un mari pour la corriger, la petite voyante s’est rangée auprès des dieux. Sans doute ces vipérines pensées ont-elles traversé les caboches des infortunés. Comment leur en vouloir ?

Et en parlant de serpent, voilà qu’une Manticore rampe le long des murs sacrés. L’apercevant du coin de l’œil, Neferet conclut qu’il ne s’agit pas d’un pèlerin ordinaire. La richesse de ses vêtements et le tintement de ses bijoux laisse deviner une fonction importante. Il lui aura fallu quelques années, avant de reconnaître ce genre de personnage au premier coup de mirette. Un privilégié, persuadé que tout lui appartient, jusqu’aux lignes complexes du destin. Un nanti dont l’orgueil surpasse la méfiance. Elle secoue la tête : l’époque pour ce genre de présomption est révolue.

« Neferet ? »

La servante relève le museau. Ses prunelles brunes trébuchent sur le visage affable d’un prêtre, vêtu d’une simple toge de lin et rasé de la tête aux pieds. Alors qu’elle se relève, le front baissé, sa natte se déroule jusqu’au creux de ses reins. Elle rabat sur ses épaules un châle mauve et doré, seule touche de couleur sur sa robe étroite.

« Je vous écoute.
— La Manticore qui vient d’entrer est un invité de marque. Amène-lui un rafraîchissement et de quoi se sustenter. Il a été engagé par le seigneur Sapair. Il viendra l’accueillir plus tard. En attendant, fais ton devoir et satisfais-le. »

Sa gorge se noue.

« Comme si c'était fait. »

La servante hoche la tête, avant de se presser pour attraper un plateau de bois et le caler sous son aisselle. Elle se dirige vers la réserve, à peine ravitaillée. Avant de s’effondrer entre deux plateaux de fruits, le larynx en feu et le palpitant en pagaille. Les soubresauts de sa poitrine accompagnent sa respiration sifflante, alors que des larmes s’accrochent à ses cils. Une Manticore. Il fallait que ce soit une Manticore. Ses cicatrices la picotent. Les mains agrippées à ses cheveux, Neferet inspire profondément. Elle sait bien, pourtant, que celui-là n’a sans doute rien à voir avec l’abomination qui l’a défigurée. Mais tout de même. Il n’hésiterait pas à la déchiqueter, si l’envie le prenait. Satisfais-le, disait l’autre. Laisse-le te bouffer, s’il le faut.

Elle pince les lèvres. S’essuie les yeux. Se redresse, chancelante. Et dispose, en silence, deux grappes de raisin, un melon tranché en parts identiques, une assiette de dattes, des lamelles de viande séchée et une carafe en terre cuite remplie de bière fraîche. Malgré la guerre civile, les nobles réfugiés au temple n’ont pas lésiné sur la qualité. Qu’en est-il de ceux qui croupissent dans les coins sombres de la ville, terrifiés par les gardes de Gahal ? Inspirant, Neferet s’empare du plateau garni, et se dirige vers le petit salon où l’attend le prédateur. Jamais les couloirs ne lui auront paru aussi longs. Aussi étroits. Elle déglutit, et même sa propre salive lui paraît difficile à avaler.

Ses doigts toquent trois fois à la porte de la petite pièce. Elle évite le regard de l’écailleux avec application.

« Sire, fait-elle avec déférence. Je vous souhaite la bienvenue au temple. Que les Dieux bénissent vos pas. »

La servante s’avance, puis baisse les yeux dans une courte révérence. Elle garde la tête baissée, fébrile, pour ne pas avoir à croiser le regard de la créature. Sous ses drapés, un filet de sueur fait son chemin, empruntant parfois les sentiers qu’une de ses semblables a creusé. Neferet se penche pour déposer délicatement le plateau sur la petite table en face de l’invité. Puis se redresse, regard rivé vers le tapis finement tressé.

« Le seigneur Sapair, qui vous a mandé, est retardé pour affaires. En attendant, j’ai pour mission de vous combler en attendant sa venue. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, ou si ma présence vous incommode, n’hésitez pas à me le signaler. »


Neferet joint ses mains dans son dos pour qu’il ne les voie pas trembler. Oh, quel rêve ce serait d’être dégagée par l’affreux reptile.

HRP:
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Semet Nakhti
THERE'S MONSTERS IN ALL OF US
Semet Nakhti
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Allégeance : Ba'alat
Lun 28 Jan - 0:33
Quelle belle bâtisse. Semet, qui avait beaucoup côtoyé les villages pauvres des environs du fleuve Maghara, profita de cet endroit. Les nobles avaient vraiment bon goût en matière d'art, sûrement un bon goût équivalent à leur bourse. C'est comme tous ces colliers qu'il portait, pour montrer une forme de statut social et être bien vu par les puissants, respectés par le peuple. Dans les faits, c'était incommodant pour chasser, parfois lourd à porter et puis ce n'était pas le goût de la Manticore. Mais bon. Ce n'est pas sa race qui contrôlait la majorité du pays, alors on s'adapte et on survit. Mais de là à profiter d'une telle domination pour honorer 10 Dieux capricieux et à se déclencher une guerre civile... Les Humains devaient mal supporter le pouvoir.

Sur ces dernières pensées, sa langue siffla avec une certaine satisfaction. C'était comme voir des enfants chahutés entre eux et n'avoir aucun intérêt utile. Et ça domine... On croirait rêver. Ils se permettaient même de l'inviter en toute confiance dans leur somptueux temple, alors qu'il avait la réputation de faire exploser le paysage. Certes à des fins utiles, mais cela restait un savoir dangereux. Imprudent par orgueil. C'était plaisant. Comme si leur instinct de survie était en sourdine. Semet adorait cette particularité des Humains. Le zèle, la confiance, l'excès. Ils en faisaient étalage au quotidien comme dans un concours de bétails.


On toqua à la porte. La tête de la Manticore se tourna vers l'entrée, s'attendant à voir le commanditaire. Mais non, une simple servante. Elle parlait avec respect et bienséance, comme on l'attendrait dans une grande Maison. Mais une chose transpirait chez elle : le malaise. Il restait donc encore des personnes capables de craindre leurs prédateurs naturels ? Quelle preuve d'intelligence ! Et pourtant elle était une servante. Certes dans un beau palais, cependant, cela ne change rien à sa fonction. Semet trouvait cela dommage, mais il se réjouit aussi de voir une personne aussi hâtive de le quitter sans pouvoir le faire. Son regard était plus fuyant qu'une souris, et son corps portait la marque de sévices profonds. Un de ses Maîtres aurait fait ça ? Qu'importe.

Après avoir détaillé longuement l'employée de maison, ne répondant aucunement à ses questions pour l'heure, agissant avec une lenteur exagérée et n'en perdant pas une miette grâce à ses yeux sans paupières, Semet se dirigea vers la corbeille de fruit préparée. Ses doigts écailleux hésitèrent sur le bien à prendre. Viande et raisin semblèrent attirer son attention davantage, mais il finit par se rabattre sur la bière. Il en but une bonne gorgée avant de reposer la choppe.

"Je me sens mal à l'aise ici, dans un palais de cet ampleur. Accepteriez-vous de me tenir compagnie afin de me rassurer ? Je vous en serai gré."

Son visage avait du mal à exprimer le sourire, mais sa voix devait plus exprimer l'amusement que celle d'une personne réservée et indisposée. Semet tendit alors une main engageante vers le cœur du salon, là où se trouvèrent tapis brodés et bancs richement décorés. Il attrapa un morceau de viande et l'avala d'une traite, savourant une viande d'aussi bonne qualité, bien différente de celle qu'il chasse par le désert. Ses yeux, quant à eux, n'ont jamais cessés de la regarder. Juste la taille de ceux-ci varié très faiblement.
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Allégeance : Ba'alat - Fidèle de Semiramis, pour l'instant.
Mar 29 Jan - 0:49
« Je me sens mal à l'aise ici, dans un palais de cette ampleur. Accepteriez-vous de me tenir compagnie afin de me rassurer ? Je vous en saurai gré. »

Apathique, Neferet répond à l’invitation en hochant la tête. Frissonne devant la griffe tendue vers le milieu du salon. Ses dents mordent avec vigueur l’intérieur de ses joues. Derrière son dos, ses mains s’empoignent jusqu’à ce que les ongles lui incisent la peau. Glissent sur la moiteur de l’horrifiée, plus humide encore. Elle pourrait prétexter la chaleur. Mais c’est bien la présence animale qui la paralyse. La voix de l’invité, profonde et tranquille, manque d’achever sa psyché. Le rassurer ? Même debout, il occupe le fauteuil du maître. Peut-être est-il l’un de ces pervers qui ne ratent jamais l’occasion de rappeler leur domination. Cela le rendrait presque humain.

« Bien sûr. Tout ce qui vous plaira. »
, articule-t-elle.

Elle demeure stoïque, autant qu’elle peut, capitaine en pleine tempête mentale. À Ba’alat, croiser des Manticores fait partie du quotidien. Parfois même, certaines se sont arrêtées devant son étal, pour tester son don. Des mains toutes en plumes et en écailles sont passées devant ses yeux, satisfaites de ses services. Mais à l’époque, son aîné se tenait juste derrière elle ; et, surtout, les humains l’entouraient, présence réconfortante apaisant la tourmente.

Aujourd’hui, sa propre solitude l’écrase. Sa conscience dépossédée ne peut que se plier, comme un fragile parchemin, sous les serres aiguisées des douloureuses remembrances. Elle aimerait se fondre dans la pierre et y enfermer son âme à jamais. Les Pharaons enterrés dans les pyramides n’imaginent pas leur chance : ils n’ont plus à croiser leurs démons. Ils n’ont jamais eu, de leur vivant, à s’agenouiller devant eux. Dans son dos, ses mains enveloppées de fines bandelettes se crispent davantage. Elle ose espérer que l’entrevue sera courte. Quand les Dieux cesseront-ils de jouer avec ses limites ?

Son domaine mental ferme ses grilles. Il se protège de hauts murs, pour ne plus laisser passer le regard perçant de la chimère. Vidée. Neferet se sent vidée, seule réponse face au malaise. Son menton se redresse ; ses mains se décollent un instant l’une de l’autre, pour mieux se rejoindre devant elle. Pour résister, elle n’a d’autre choix que de fléchir. La chute sera peut-être moins douloureuse, si elle décide de tomber. Alors, elle adresse un sourire flamboyant à l’invité reptilien, avec les sourcils réhaussés de l’idiote intéressée :

« Je ne me rappelle pas vous avoir croisé en ces lieux sacrés. Avez-vous déjà visité notre capitale ? est-elle à votre goût ? »

Il pourrait lui raconter à quel point il est un grand voyageur, comme ceux qui aiment impressionner. Lui dire à quel point elle est sotte de poser pareille question. Lustrer la réalité jusqu’à en abîmer les contours. Son regard dévie un instant vers les mains serties de bagues. Les seules, ici, qui ne peuvent lui mentir.
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Semet Nakhti
THERE'S MONSTERS IN ALL OF US
Semet Nakhti
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Allégeance : Ba'alat
Mar 29 Jan - 10:24
Les positions de forts et de faibles. L'Humanité avait élevé ça au rang de culture nationale. Quand un Humain né, on se demande ce qu'il fera de sa vie, et comment. Plus il va loin, plus il va haut, et plus les autres le trouve formidable. Encore une de leurs particularités si étranges. Dans la nature, dans le désert de Ba'alat, c'est la loi du plus fort aussi, mais la Manticore tiquait sur ce point. Les créatures des étendues de sables mangeaient leurs proies, leurs faibles. Ils ne ressentaient pas le besoin ambigu ou vicieux que de garder les faibles à leurs côtés. Après, s'ils étaient heureux comme ça, grand bien leur fasse. Semet se disait qu'il pourrait toujours finir par incendier les places qui lui déplaisaient si jamais le besoin s'en faisait sentir. C'est que les Manticores ne vivent pas si longtemps que ça. Il le savait et compter bien en profiter quand il sera vieux.

La servante pesait ses mots. Elle était figée, sans doute perdue dans ses pensées. S'il y avait bien une sensation que la Manticore connaissait bien sans l'avoir beaucoup expérimenté lui-même, c'était bien la peur. Sa fine langue fourchue sortie subitement de sa bouche sn sifflant, flairant toutes les variations dans l'air. Combien de proies, animales ou Humaines avaient bien pu se débattre dans sa toile ? Ou bien comprendre qu'ils allaient mourir alors que du venin rongeait leur intérieur, la Manticore les surplombant depuis son nid perché ? La peur, le moteur de la survie. Semet était réellement curieux de savoir ce qu'elle pensait, mais sûrement que cela devait ressembler aux 1000 autres qui ont eu des frémissements quant à sa proximité. Mieux valait laisser cela de côté.

Elle y mettait de l'entrain maintenant ? Cette servante qui ressemblait à un vase brisé se sentait soudainement assez confiante ? Intéressant. Sûrement était-elle plus habile dans son travail qu'il ne le pensait : il demanda à être rassuré et la voilà qui faisait la conversation avec un beau sourire. D'ordinaire, il n'avait pas le temps de parler avec les employés de maison, ou l'envie, car on évitait de le faire traîner, impatient de faire affaire et de le laisser s'en aller. ce jour était une chance.

"Je ne viens pas souvent à Héliopolis. Je reviens à peine d'une traversée du désert, où j'ai fait un pèlerinage au temple de Nitocris. A peine rentré qu'on vint me chercher dans l'un des petits villages longeant notre Fleuve." La Manticore attrapa une grappe de raisin, et en détacha un grain. Sucré et humide. Des douceurs introuvables dans le désert. Il s'avança alors vers l'un des bancs recouverts d'étoffes et s'y assit. Présentant le banc situé en face de lui, il reprit avec une voix tout aussi lente. "Vous me feriez plaisir en prenant place. Je n'ai pas l'habitude d'être surplombé par autrui."

Sa phrase était volontairement équivoque. Selon les coutumes Humaines, cela pouvait plus faire référence à un statut social, quand lui, ne pensait qu'à toutes les fois où il parlait à autrui depuis le plafond ou son nid. Une simple question de hauteur. C'était amusant de détourner leurs propres règles contre eux. Et puis, cela serait éphémère jusqu'à l'arrivée de son commanditaire, autant en profiter. Il lui avait mis nourriture, salon et distraction sous la main. Semet s'en montrait reconnaissant en en usant comme on lui avait proposé.

Semet détacha un autre grain de raisin et entreprit, l'espace d'une bonne dizaine de seconde, de détourner son regard de la servante, de regarder le ciel que l'on apercevait du balcon. Plus pour la laisser respirer un instant, que pour vraiment contempler ce bleu qu'il avait déjà tant vu, comme tout à chacun. S'amuser était une chose, mais il ne voulait pas non plus passer pour plus monstrueux qu'il ne l'était. Même si son tempérament et ses actions laissaient vraiment à désirer de ce côté.


"Comment vous appelez-vous ?" dit-il en reposant son regard insistant sur la servante.

Sans doute aurait-il oublié ce nom d'ici 2 jours, mais si cela pouvait le rendre plus Humain l'espace d'une conversation.
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Allégeance : Ba'alat - Fidèle de Semiramis, pour l'instant.
Jeu 31 Jan - 1:02
Neferet sait se faire douce, quand il faut. Elle sait se montrer tendre, attentive au bien-être de ceux qui lui font face. Parfois, se battre n’est pas la solution pour survivre. Il faut faire la morte. Feindre la faiblesse. Se perdre en petits sourires compatissants et laisser la nuque à découvert. Tendre l’oreille, aussi. Le serpent n’est pas un adepte de la grande ville ; elle pourrait peut-être l’y perdre, et attendre qu’un rat n’en fasse qu’une bouchée. Elle tique au moment où il évoque le temple, bourgeon de piété au milieu du désert. Un point commun. L’idée a comme un goût de fiel dans sa bouche. Celle qui l’a scarifiée n’aurait pas posé une patte sur le seuil. Neferet n’a jamais pu arrêter son regard sur elle, mais son intuition lui murmure qu’elle n’avait rien d’autre sur les os que sa carne, ses plumes et ses piquants.

Son regard vrille vers le banc qu’il désigne. Il réclame un face à face. Une entrevue avec une servante. Battement de cils circonspect. Que cherche-t-il ? Pourquoi ne pas se lever, et lui demander à elle de s’asseoir ? Elle se glisse vers le siège, à pas feutrés sur le tapis, dans un léger froissement.

« J’ai dû vous paraître déplacée en me tenant ainsi ; je vous présente mes excuses pour mon impertinence. »

D’aucuns l’auraient châtiée pour moins que cela. Ses mains bandées se croisent sur ses genoux. Elle se tient droite, tige de fer, et fixe un point à côté de l’invité. Mais la curieuse créature gratte aux portes de son champ de vision. Grapille quelques étincelles d’attention. De nouveau, sa gorge la pique. Elle n’a guère le choix. S’échapper est impossible. Ou du moins, toutes les issues qu’elle s’est imaginé se sont révélées fatales. Le déshonneur, si elle fuit sa tâche. Les os en miettes, si elle saute par la fenêtre. Ou croquée toute entière, peut-être.

Le regard sans paupières se détourne. Neferet respire. Détaille un peu mieux les colliers qui ceignent son large cou, couvrant un poitrail qu’elle devine puissant. Vieux réflexe. Il y a eu un temps où elle aurait vu ces merveilles comme une monnaie d’échange. Aujourd’hui, les couleurs lui paraissent fades. Ses épaules frémissent lorsque les orbes fendus du bifide se reposent sur elle. Son petit corps rigide se tend. La question manque presque son oreille tant son attention est happée par la paire d’yeux fauves. Elle décline son identité comme un automatisme :

« J’ai nom Neferet Nub-Hotep. »


Étrange demande. Elle est une servante. Une anonyme. Il l’oubliera quand il sortira de cette pièce, et leurs mots ne seront qu’un point flou dans ses souvenirs. En revanche, son nom à lui pourrait servir.

« Et vous ? Pardonnez ma curiosité, mais personne ne m’a dit qui annoncer si l’occasion se présente. »


La pulpe de ses doigts la picote. Il y a autre chose qu’elle voudrait savoir.

« Vous devez être quelqu’un d’indispensable, pour que l’on vienne vous déranger jusqu’au bord du fleuve-mère. »

Qu’il lui pardonne son impudence. Elle se demande ce qui distingue cette Manticore de ses congénères, pour qu’un illustre seigneur le mande lui, et pas un autre. Le reconnaître est une blessure, et pourtant une vérité : ces bestiaux ont plus d’un avantage. Lorsqu’on fait appel à eux, c’est que les humains n’ont pas suffi.
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Semet Nakhti
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Semet Nakhti
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Allégeance : Ba'alat
Jeu 31 Jan - 19:55
Semet l'observait. Il l'écoutait. Presque avec attention. Cette servante devait avoir reçu nombres de corrections ou alors une solide éducation pour ainsi exécuter les ordres des nobles, comme contenter un parfait inconnu. Et s'excuser à tour de bras. La Manticore n'était pas tout à fait étrangère à ce genre de conversations, mais il ne voyait pas l'intérêt de tels mots. Est-ce qu'il s'est déjà excusé auprès d'un fennec qu'il allait manger ? Non, assurément que non. Mais les Humains adoraient utiliser ces appellations, dans toutes les circonstances. Comme un bouclier, ou un baume que l'on met sur les plaies, afin d'apaiser les sentiments d'une autre personne. Le procédé avait une raison d'être compréhensible, sans cela, ils n'auraient peut-être pas colonisé ainsi Ba'alat. Mais même en sachant que cela aide à l'entente, l'Être du désert ne parvenait pas à adopter de tels mécanismes de paroles. Ainsi, quand elle s'excusa, il ne leva qu'une main apaisante, signifiant qu'il n'en avait cure, et qu'il ne s'était pas senti vexé par pareil geste.

La femme qui l'accompagnait se posa ainsi sur le banc. Elle était nerveuse et tendue. Est-ce là son comportement habituel ? Vivre ainsi tous les jours, effrayé de son ombre, voilà qui rebuterait bien des gens de continuer à prolonger l'existence. Ou alors autre chose la perturbait. Qu'est-ce qui sortirait de la vie ordinaire d'une servante de palais...? Il détourna les yeux, les reposa, et là encore elle redevenait rigide. Tellement que la Manticore crû l'espace d'un instant qu'il pourrait y figer une toile, comme il l'aurait fait sur un pilier.

Neferet. Les noms en "et" étaient fréquents, en ces lieux. Et alors qu'il pensait qu'elle s'enterrerait dans un mutisme de souris terrorisée, elle continua. Belle maîtrise de son trouble, Semet applaudit intérieurement, comme s'il était au spectacle. La servante se révéla même plus curieuse que ce qu'il aurait pu imaginer.

sssssshi

Un sifflement aigu échappa à la bouche sans lèvres du serpent-araignée. Un contentement s'éleva en lui. Sa question était peut-être anodine, ou même calculée, mais il fut ravi d'entendre "indispensable". Une certaine fierté monta en lui, et en gage de remerciement pour le respect qu'elle lui témoignait, il répondit en détournant les yeux et avec franchise. Certes, ce n'était là que flatterie pour son égo, mais il apprécia grandement la démarche.

"Je m'appelle Semet Nakhti. Je suis alchimiste et pharmacien. Ma principale invention permit aux fermes et aux villages longeant le Maghara d'avoir accès à une meilleure irrigation. Cela favorisera les récoltes et le confort de vie dans l'empire Pharaonique."

Après avoir achevé sa description il reposa lentement ses pupilles sur elle, guettant au passage si elle serait plus tendue ou non quand il la fixait. Semet avait toujours cette manie de vouloir tester les gens. Plus ils accomplissaient l'incroyable, plus il était heureux, et cela le contenter bien plus que d'aider toute l'agriculture d'un pays. La servante était peut-être une personne ordinaire à ses yeux en cet instant, mais louper des entrevues n'était vraiment pas du goût de la Manticore. Son attention s'aiguisa, dédaignant le plat de nourriture à ses côtés. Immobile sur son siège, comme il le serait dans sa toile, à attendre une proie.
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Neferet Nub-Hotep
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Allégeance : Ba'alat - Fidèle de Semiramis, pour l'instant.
Ven 1 Fév - 0:36
Le sifflement rampe le long de son échine. Il s’immisce, l’insidieux venin, jusqu’à pénétrer la moelle de ses os. Il s’écoule en frissons diffus, picotant le derme de bronze. Le chant le plus dissonant qu’il lui a été donné d’entendre. Saleté de langue bifide. Malgré tout, la Manticore n’a cure de sa curiosité déplacée. Il l’accueille même avec une certaine bienveillance. Mais elle s’imagine mal un prédateur du désert désintéressé. Après tout, il est venu chercher quelque chose, ici. Elle n’est qu’un passe-temps. Une pacotille. Ironique, pour une ancienne collectionneuse de joyaux.

Le nom s’ancre dans sa tête comme un scribe l’y griffonnerait. Semet Nakhti, alchimiste et pharmacien. Porteur de modernité, semble-t-il. Un inventeur au service du bien humain. Plus curieux encore. Cela l’éloigne d’autant plus de la goulue de son enfance. Le mécanisme dont il parle lui paraît des plus ingénieux, et le voir de ses propres yeux lui aurait peut-être plu. Voilà donc le secret des si beaux fruits qui se chevauchent sur le plateau. Les villageois ont dû bénir la Manticore. À moins que ce soit un bon moyen pour que ses proies s’engraissent d’elles-mêmes, pour devenir goûteuses et grasses le moment venu. Cruelle conclusion. Anh’Mmon, le Juge terrible, l’aura inspirée ce matin. Elle aurait peut-être dû le prier lui. Espérer qu’il ne la laisse pas mariner dans sa carne pourrissante, une fois son voyage achevé.

« Voilà qui est remarquable. J’imagine que vous avez d’autres inventions en réserve, n’est-ce pas ? »

Son regard, encore. Les billes fendues ponctionnent les miettes de volonté qu’elle tente de maintenir. Le temps s’allonge. Beaucoup trop. Ses doigts fins tapotent le tissu qui entrave ses jambes pliées. Son visage se tourne un instant vers la porte grande ouverte sur le couloir. Oh comme elle aimerait s’y faufiler. Disparaître, pour qu’aucune créature non-humaine ne pose plus jamais les yeux sur elle.

« Mes excuses pour cette attente. Cela doit vous paraître interminable. Que puis-je faire pour contrecarrer votre ennui ? »

Qu’elle lâche en esquissant un sourire gêné. Le travail de servante est ingrat ; Neferet l’a compris avec la pratique. Il faut demander pardon pour tout, et surtout pour ce qui ne vous concerne pas. S’incliner bien bas, pour s’excuser d’exister. De n’être qu’une petite vermine, vouée à être piétinée par une noble semelle. Surtout elle, celle qui a trompé, celle qui a péché. Elle doit regagner sa place dans l’Outremonde, et ne pourra le faire qu’en se prosternant. Ceux qui parlent aux Dieux lui ont fait entendre cela. Au début, Neferet a pensé à une ruse, poussée par l’intérêt : aujourd’hui, l’impression pointe encore. Mais elle a fini par y croire.
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Semet Nakhti
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Semet Nakhti
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Allégeance : Ba'alat
Ven 1 Fév - 14:18
La langue de Neferet était aussi curieuse que celle de Semet était sifflante. Etait-ce son rôle pour le tromper de l'ennui qui la forçait à en demander autant, ou son sentiment de malaise ? La Manticore préféré se concentrer sur le résultat. Une personne qui parle offrira toujours plus de choses qu'une personne sans communication. Mais malgré le regard pesant qu'elle semblait subir, ou la situation même qui devait lui être inconfortable, elle demeura d'une politesse qui forçait le respect. Semet lui-même avait assassiné sous couvert d'un accident son premier commanditaire un peu trop hautain envers lui. Certes, à l'époque il n'était pas aussi "civilisé" qu'en ce jour, cependant Semet n'en regrettait rien. Une personne désagréable et inconvenante avait trépassé, et cela allait mieux depuis. A bien y réfléchir, cela devait être sa première vie prise en dehors de la simple chasse à la nourriture.

La servante le questionna sur d'autres inventions. Il était répandu de savoir quels étaient les ingrédients phare du Serpent de feu, mais ce sont plus les nobles eux-mêmes qui devaient avoir vent de pareils détails. Le dire à des gens plus proches du peuple pourrait éventuellement servir à accroître sa renommée et à être moins attaqué à vue dans les landes brûlantes. Il attrapa le plateau à ses côtés, et quelques dates vinrent rejoindre sa bouche d'où sortir ses deux crocs pour l'occasion. Une gorgée de bière plus tard, il prit la parole en fixant les mains de Neferet.

"Je ne sais pas si l'on peut appeler cela une invention, mais mes venins sont particulièrement puissant."

La Manticore reposa la chope sur le plateau, faisant claquer le bois contre le bois. Elle lui avait parler de contrecarrer son ennui. Sans doute qu'elle se doutait qu'elle le faisait déjà, mais sans vraiment le souhaiter. Sa fixette sur la porte ouverte. Il profita qu'elle tourna le regard pour observer avec plus de minutie ses cicatrices. Anciennes. Creusées. Il détourna le regard quand il eut l'impression de les voir pulser le long du corps de la servante. Quoi qu'elle eut subit, cela devait sûrement être exagéré.

Semet tourna alors lentement les yeux vers l'entrée, avant de revenir sur le visage de Neferet. On entendait parfois des gens non loin, ou même des oiseaux. Le palais était agréable, et il comprenait aisément pourquoi les gens appréciaient y vivre. Ce n'était pas sa tanière, mais il remarquait que pour entreposer tout son matériel et ses produits, il devrait trouver un atelier un jour. Poser ses bagages pour de bon afin de faciliter son travail. Mais il avait encore le temps d'y réfléchir. Semet prit le plateau de denrées sur ses genoux et répondit sur un ton moins vif que précédemment.

"Allons, ne vous excusez pas pour le Seigneur Sapair. Les nobles adorent arriver en retard. Ils aiment faire attendre et se sentir désiré. Il faut juste être patient, ce qui est précisément mon fort. Voulez-vous partager quelques fruits ou de la bière avec moi ? Je doute qu'on vous laisse y toucher à votre guise, et ce plateau est étonnement délicieux. Ne vous inquiétez pas. Je partage avec vous de plein gré."

Sa langue sortie instinctivement, s'agitant quelques petites secondes avant de retourner de là où elle venait. Les doigts verts de la Manticore indiquèrent le plateau sur ses genoux, où se pressaient des mets plutôt riches pour le désert. Elle devait le savoir, après tout, c'est elle qui lui a apporté tout ceci. Mais compte tenu de sa situation, Semet était désireux de savoir comment elle allait réagir à une proposition aussi simple. Sûrement des codes Humains dont il n'avait cure influenceraient son choix, ce qui était peut-être la bonne occasion pour en apprendre plus.

Semet resta comme figé, une fois encore. Sa capacité à rester immobile et attentif à la fois frôlait l'inertie d'un objet inanimé. Ses compétences de chasse et sa survie dans le désert dépendaient directement de cette faculté à ne faire aucun mouvement, et à garder les yeux ouverts et alertes au moindre stimuli l'entourant. Et les réactions de la servante étaient au centre de sa toile.
Semet Nakhti
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Allégeance : Ba'alat - Fidèle de Semiramis, pour l'instant.
Dim 3 Fév - 22:11
La commissure de ses lèvres frémit au mot « venin ». Cette monstruosité pourrait lui distiller son poison dans les veines, si elle le voulait. Mais il reste là, bien assis, à converser d’une voix chaude. Sérénité vicieuse, qui tire son aise des peurs des autres. Cela doit lui plaire, d’instaurer le malaise ainsi. Asseoir sa domination en étalant ses avantages. Et pourquoi donc devant elle ? Pourquoi vanter ainsi ses crochets délétères à une servante déjà terrifiée ? Neferet cligne des yeux. Il l’humilie. Il enroule les anneaux de la peur autour de son estomac pétrifié. Et serre, attendant de voir jusqu’où elle tiendra avant d’expirer dans un silence étouffé. La certitude tournoie dans sa tête, sans savoir sa véracité. Oui, c’est cela qu’il doit penser. Les personnages de son envergure le peuvent ; pourquoi se priver.

« Je n’en doute pas. », glisse-t-elle dans un sourire entendu.

De nouveau, il rejette ses excuses. Il louvoie entre la provocation et l’appel au calme. De nouveau, la question s’impose à elle. Que cherche-t-il ? L’animal à sang froid éprouve son mental. Il gratte de ses griffes affutées l’apparente courtoisie pour tâter l’effroi qui se tapit. Elle le sent ; il n’est pas loin. Encore davantage, quand il la convie à se repaître sur ses genoux. L’invitation lui aurait paru obscène, venue d’un homme ; de la gueule d’un non-humain, elle lui inspire la répugnance. Neferet réprime la nausée qui escalade son œsophage. Sa tête se balance dans un « oui » précipité.  

« Votre invitation m’honore. »

Une idée la taquine. Et ne manque pas de la convaincre. Elle inspire. Allons. Elle l’a déjà fait. Parfois, cela se déclenche sans même qu’elle le veuille. Elle ne s’en est pas vanté. Selon un congénère de son défunt père, son existence signe la fin du monde. Il n’a pas dit, cependant, quelle forme prendrait cette fin. Mais cela ne l’étonnerait pas que tout le monde le prenne au sens littéral.

Elle s’approche. Son visage rencontre presque le faciès lisse de l’invité, mosaïque d’écailles luisantes.

D6 : Don unique - Illusionniste (résultat : 5)

Nul éden ne saurait égaler le jardin du temple d’Héliopolis. Lorsque le devoir l’y appelle, ou quand elle s’échappe de l’immense salle de prière, Neferet y flâne. Silhouette gracile, mauvaise herbe traînant parmi les merveilleuses fragrances aux pétales fragiles. Elle s’assied parfois sous le sycomore qui jouxte le bassin. Laisse la fraîcheur bercer son visage craquelé. Cueille avec distraction des herbes folles pour les nouer entre ses doigts. Avant de tomber, parfois, sur une couleuvre qui s’aventure sur la pierre. Neferet ne les a jamais craintes ; elle a appris à les distinguer des vipères. Mais il est déjà arrivé qu’une autre leur torde le cou.

Peut-être que celui-là n’est qu’une couleuvre.
Peut-être qu’elle pourrait devenir vipère.

Alors son visage se morcelle en centaines d’écailles dorées. Ses yeux empruntent l’apparence des reptiles : deux billes couleur sable, fendues de pupilles d’un noir profond. La mue, plus vraie que nature, embrasse ses épaules et court jusqu’au bout de ses doigts. Et, enfin, tandis qu’elle s’empare d’une grappe de raisins, sa bouche s’étirent en une gueule béante, aux multiples rangées de crocs, caressées par une paire de langues bifides. Son corps frêle se déplie peu à peu, et semble s’allonger, pour qu’elle s’empare d’une petite grappe de raisin. Puis, elle se rassoit dans un froissement délicat. La peau du monstre la quitte dans une chute de squames, une fois revenue sur son banc. Elle croque un grain d’un coup de molaires, faisant exploser le jus dans sa bouche. Ses lèvres abîmées s’ourlent d’un sourire innocent.

« Ces fruits sont délicieux. Vous devriez venir plus souvent : notre temple regorge de merveilles. »


La sueur perle à son front, plus intense qu’avant la métamorphose. Cela n’aura duré que quelques secondes : pourtant, elle a l’impression d’avoir marché deux heures dans le désert. Elle glisse un nouveau grain de raisin entre ses dents, pour en apprécier la fraîcheur. Oui, ce temple regorge de merveilles ; et peut-être d’horreurs.
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I know, too, that death is the only god who comes when you call.
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Dim 3 Fév - 22:11
Le membre 'Neferet Nub-Hotep' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'D6' :
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Semet Nakhti
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Allégeance : Ba'alat
Mer 6 Fév - 0:13
Les expressions faciales de la servante, bien que subtiles, ne manquèrent pas d'amuser la Manticore. Les Humains pouvaient vraiment être divertissants quand on savait leur parler. Quel dommage que ses congénères ignorent de tels bienfaits pour l'esprit. Semet continua d'apprécier ce qu'il avait sous les yeux, avec une immobilité parfaite. Ses muscles figés, ses écailles propres et sa gueule entre-ouverte. Il n'avait pas souvent l'occasion de se distraire, le désert était un adversaire coriace, implacable. Ces moments de détente dans un palais avec une telle nourriture, qui nous fut offerte, pas chassée, autant de raisons pour accepter de profiter de l'instant que l'on vivait ! Et si cela nuisait à quelqu'un, c'est à peine si la Manticore y songeait.

La proposition de venir se servir sur le plateau qu'elle lui apporta ne semblait pas à son goût. Et sur ce point, la Manticore s'en retrouva véritablement surpris. Inviter une personne à manger mieux que ce dont elle avait l'habitude, n'était-ce pas une preuve de générosité que les Humains affectionnaient tant ? Surtout dans des terres comme celles de Ba'alat, où le climat est rude et l'entraide importante. Cela fit tiquer Semet. Vraisemblablement, il connaissait moins bien les Humains qu'il ne le pensait. Il devrait faire attention à l'avenir, après tout, il profitait d'une notoriété des plus enviables dans le pays, autant ne pas tout gâcher pour quelque chose de futile, comme le protocole ou les coutumes.

Malgré tout, elle continua de répondre avec politesse. Elle n'aimait pas ce qu'il faisait, mais sa courtoisie se prolongeait avec détermination. Formidable ! Quelle grâce ! Elle avançait même de son plein gré, la Manticore s'émerveilla presque de ce geste où une personne effrayée s'approcher ainsi de l'objet de ses tourments. Mais alors qu'elle s'approcha, il aurait cligné des yeux si seulement cela lui été possible.

L'aspect extérieur de Neferet se modifia, ses couleurs, sa chair, son visage... Tout cela céda place à une vision étrange. L'instinct de survie de la Manticore s'alerta et il eut un mouvement de recul sur son banc. Son reflet déformé d'un autre serpent humanoïde attrapa du raisin calmement, et retrouva place sur son propre siège, comme si de rien était. Que cela pouvait-il être ? Danger ? Mise en garde ? Provocation ? La Manticore réfléchit avec une certaine prudence, ne relâchant pas son attention sur elle, mais cette fois-ci, avec un sentiment d'inconfort en lui. Une voix en son sein s'agitait, lui disait qu'il y avait une menace face à lui, et que cela s'exterminait ! Mais sa pensée rationnelle n'était pas d'accord. Sur cet autre banc, il n'y avait que cette souris apeurée qui ferait tout pour être ailleurs. Aucune raison d'être aussi méfiant. Un tour de passe-passe, de la fatigue ? Du...

Ses pensées se retrouvèrent perturbée par du liquide. Non, le plateau était bien droit sur ses genoux. Son poignet gauche. Une goutte ressemblant à de l'huile, jaunâtre et luisante, s'y trouvait. Il reconnaissait parfaitement ce liquide qui ne s'écoulait que de ses crochets. Sous l'instinct, il avait inconsciemment délivré une forte dose de venin, prêt à mordre et à tuer. Il ferma doucement sa bouche, cachant ses crocs, et essuya de son autre main écailleuse la dangereuse goutte. Ses yeux se redressèrent sur Neferet, où elle profita de ses fruits. Désormais conscient d'avoir fait s'écouler du poison de sa bouche, il comprenait que les Humains n'apprécièrent guère cela.

"Je vous prie de bien vouloir excuser ma gêne passagère, Neferet."

Des phrases d'excuses qu'il avait apprit le long des murs, que les Humains se répétaient sans cesse. Et elle avait vanté les mérites des fruits. Amusant. Finalement, ce n'était peut-être pas qu'une petite souris. La Manticore redoubla d'attention et de curiosité. Qu'importe ce qu'il venait de se passer, c'était bien trop étrange pour ne pas y prêter attention et chercher à en savoir plus.

"Dîtes-moi, qu'était-ce ?"
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Neferet Nub-Hotep
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Sam 9 Fév - 16:33
Elle n’a pas perdu une miette de ses réactions.
Pendant un instant, elle l’a senti plus tendu. Moins à l’aise. Perclus de gêne face à la vision monstrueuse et dérangeante qu’elle lui a offerte. Pendant un instant, elle a eu l’ascendant sur celui qu’on lui a présenté comme son supérieur. L’impression, du moins. Elle aurait aimé faire durer le geste un peu plus. Mais les légers tremblements de ses mains lui indiquent qu’elle s’est déjà usée. Il lui est arrivé, au début, que des taches colorées fleurissent devant ses yeux, une fois le charme rompu. Elle fait de nouveau rouler un grain violet dans sa bouche. Apprécie la rondeur du fruit de sa langue, avant de l’éclater d’un coup de dent. Le reptile s’excuse. Souriant, Neferet imite son geste d’alors, levant la main droite en signe d’apaisement.

Un début de sérénité la titille. Elle a pu le déstabiliser. Elle en est capable, même si tout cela n’est que factice. Insinuer le doute. Distiller par petites gouttes un venin bénin, mais efficace. Elle est devenue vipère. L’idée ne soigne pas son mal-être, mais la rassure un peu. Semet la regarde comme une curiosité. Mieux qu’une inférieure, pas tout à fait comme une égale. Qu’était-ce, demande-t-il. Tout comme ses prédictions, la question reste à interpréter. La servante réfléchit. Elle pourrait mettre tout cela sur le compte de la bière, mêlée à la chaleur qui étouffe les consciences. Elle pourrait arquer un sourcil confus, faisant douter de la santé mentale de l’ingénieur. Après tout, les génies voient des choses que les simples mortels ne peuvent percevoir. Ou alors, elle pourrait lui confier la vérité. Lui dire qu’elle sait ouvrir une brèche entre réel et irréel, pour en extirper des rêves éveillés. Choix difficile. La chiromancie fait voir aux gens ce qu’ils veulent savoir ; l’illusion leur échappe toujours. Et les deux proviennent de dimensions hypothétiques, intangibles.

Elle porte une main à ses lèvres, tordant son visage balafré en une moue confuse.

« J’ai recommencé ? »

Ses lèvres se pincent. Elle hoche la tête. Encore heureux qu’il soit gêné, sinon son tour de passe-passe n’aurait pas servi. Son ego, blessé tout à l’heure, s’en voit quelque peu raffermi. Le rendez-vous lui paraît un peu moins compliqué, d’un coup.

« Pardon. Cela m’arrive de temps en temps, sans que je ne m’en rende compte. Votre gêne était naturelle. »

Loin dans le désert, a-t-il eu écho des Élus ? De l’invitation de la belliqueuse Invictis ? De la prophétie du Sphinx, il y a des années ? Neferet elle-même n’en a entendu parler qu’après le retour de l’héritière, de la bouche de fanatiques. Vieille superstition. Ou moyen de maintenir l’ordre établi, celui-là même qui écarte l’infante de sa place légitime.

« Il paraît que les gens comme moi apporteront la fin de ce monde. Puis-je savoir ce que vous en pensez ? »

Elle glisse à nouveau un grain de raisin entre ses lèvres. Sourit. Loué soit As’Aath, pour lui offrir ce goût doux-amer. Celui d’une bataille qu’elle n’a pas encore perdu.
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Semet Nakhti
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Allégeance : Ba'alat
Dim 10 Fév - 13:28
La servante avait donc agit ainsi intentionnellement ? Comme une mise en garde "Attention si tu me menaces" ? Son semblant de confusion était un peu risible, il fallait bien l'avouer. Une simple domestique pouvait donc avoir des tours comme celui-ci dans sa besace ? Semet s'en trouva particulièrement amusé. Non. Il ne fallait plus la voir comme simple. Neferet avait amplement mérité le droit d'être vue autrement. Mas elle était entravée par ses obligations dans ce palais, elle ne pouvait agir à sa guise, ou même lui parler franchement. Le marcheur du désert s'en trouvait presque attristé. Il aurait aimé avoir une conversation plus sincère, désormais qu'il l'avait vu se transformer de la sorte. Mais cela ne semblait pas gratuit pour la jeune femme. Sa transpiration s'était intensifiée, et elle dévorait le raisin un grain après l'autre, manquant un peu de retenue. La Manticore continua de la laisser piocher dans le plateau. Ce dont il venait d'être témoin méritait bien de la nourriture pour regagner des forces.

Semet eu d'ailleurs un sentiment étrange quand elle lui sourit en l'imitant. Pas comme une provocation, ou un coup dans son orgueil, mais quelque chose qui y ressemblait. Ne trouvant aucun terme adéquat à poser sur cela, il remisa ces idées floues pour plus tard. Peut-être qu'un jour, son vocabulaire sera assez étoffé pour savoir de quoi il s'agissait exactement. Neferet parlait des gens comme elle... Les gens comme elle... Ah oui. Les Élus. C'était bien la première fois que Semet en rencontrait un, n'ayant entendu que de vagues rumeurs avant cela. Des Humains tout ce qu'il y a de plus normal, qui soudainement étaient bénis des Dieux. Que cela leur conférait des capacités naturellement impossibles pour de telles créatures. La Manticore avait été piqué de jalousie en entendant que seuls les Humains auraient accès à ces faveurs divines. Lui qui voulait absolument s'approcher de la mentalité du Divin, avait fulminait longuement dans le désert à chercher une explication d'un tel favoritisme de ces Êtres supérieurs et capricieux. Mais la seule qui réussit un tant soi peu à le convaincre était justement celle-ci : ils sont capricieux.

Sa pleine attention de nouveau sur Neferet, il n'avait pas en revanche entendu parler d'une quelconque fin du monde en lien avec les Elus. Sûrement des superstitieux, des politiciens ou là encore, des jaloux. Il voulut d'abord lui demander si c'était bel et bien souhaité de sa part, cette démonstration de ses pouvoirs, mais à y réfléchir, il était évident qu'elle nierait. Autant ne pas s'occuper de cela.

"Je n'en sais que peu sur les gens comme vous. Vous êtes la première que je rencontre, et à ma dévoiler pareil talent. C'est une capacité remarquable. Et vous croyez qu'elle vous donnerait la possibilité de détruire le monde ? Alors que vous transpirez tant après quelques secondes ?"

Son ton s'était fait moqueur à ses questions. Non par arrogance, ou méchanceté, mais pour souligner l'absurdité de ce qu'elle lui avait demandé. Il s'imaginait mal Neferet lui faire du mal, l'habitude de voir les autres comme des casse-croûtes, certainement. Mais les Élus ne sont pas si courants que cela, encore. Alors de là à ce qu'une poignée d'entre eux ne détruise le désert, ou encore le monde... Cela s'approchait plus d'une mauvaise fable qu'à une prophétie appuyée, et amusa la Manticore.
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Mer 13 Fév - 23:40
Elle tique. Les mots du serpent picotent son ego. Même une petite servante possède ses quelques gravats d’orgueil. D’autant plus atteinte qu’il dit vrai. Son souffle se fait plus lent. Sa peau luit de fatigue, la sueur irisant sa peau telle une rosée. Ses paupières se ferment un instant, tandis qu’elle souffle du nez, sourire juxtaposé à ses lèvres gercées. Les fêlures sur son visage se tordent. Ses doigts restent mêlés à la grappe dénudée. Au bout de ses petites branches, luisent les derniers vestiges des grains de raisin trop vite engloutis, gouttes aux couleurs du miel. Peut-être s’en est-elle emparée trop vite. Ce qu’elle a faim, pourtant. Au moins le fruit pourra calmer les borborygmes qui menacent de lui tordre le ventre.

« En ce qui me concerne, j’ai découvert cette capacité il y a peu. Je ne suis pas encore en mesure de la maîtriser. D’autant qu’elle peut surgir à des moments inopportuns… »


Ses propres syllabes écorchent sa fierté comme les serres lui ont griffé le visage. Semet lui semble vif d’esprit, pour une bête aux instincts primaires. Quelque chose lui souffle qu’elle devrait, peut-être, lui accorder quelque indulgence. Un éclat de reflet dans la bière limpide lui fait ravaler cette idée. La gorge sèche, Neferet déglutit.

« Mais c’est une vieille prophétie de Sphinx. Même le plus érudit des hommes peut avoir du mal à comprendre leur sagesse. »

Et leur traîtrise. Elle aurait préféré que sa mère ne lui dévoile jamais l’identité de son géniteur. Du lâche qui a eu le culot de mourir avant de connaître sa fille. Tu parles de créatures sacrées. La servante secoue légèrement la tête. Fait tourner la branche nue entre ses doigts, corail fragile. Il se brise dans la dextre indélicate. Le seul monde qu’elle peut détruire, pour l’instant. Sous son châle, ses frêles épaules se réhaussent. Elle se tient droite, le dos raidi par la fatigue. Son ton, lui, demeure égal.

« Pour moi, cette destruction ne sera pas forcément physique. Peut-être que les règles qui régissent ce monde vont s’effondrer, sans avoir besoin de déployer mille forces. Ainsi, il sera détruit ; mais pas de la façon à laquelle on peut s’attendre. »


Les prédictions sont un brouillard épais, que seul le destinataire peut trancher. Neferet n’a jamais douté des siennes ; personne n’a jamais remis en cause leur véracité. Mais parfois, les lignes se floutent et se tordent, un cordon élimé qu’elle peine à dénouer. Macabre présage, annonce d’une mort prochaine. Les mains de ceux qui cheminent vers l’autre rivage n’ont plus d’avenir à conter ; ainsi les lignes se taisent, peu à peu. Qu’en est-il de celles des monstres ? La servante jette une œillade discrète aux pattes de la Manticore. Mosaïque complexe d’écailles, aux contours réguliers. Comme tracés par un architecte. Cela lui va plutôt bien, lui qui se prétend ingénieur. Elle sourit. Elle ne se serait jamais imaginé pouvoir plaisanter intérieurement sur ses démons. Pouvoir prendre une pause pour les contempler, au lieu de les fuir. Malgré tout, ils restent terrifiants. Une plaie ouverte.
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